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Le soja bio, une culture en sursis?

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Après deux années de stress climatique, le soja bio cherche son avenir.

Le département du Gers reste le plus gros producteur de soja bio de l’hexagone, mais pour combien de temps ? Stress hydrique stress, thermique et ravageurs se conjuguent pour entrainer une diminution par deux des rendements de la production et bientôt des surfaces. Pour 24 550 ha de soja gersois 14 655, soit 60 %, sont en agriculture alternative.

Pour la deuxième année les rendements s’effondrent dans la moitié est du Gers, et s’affaiblissent dans la partie ouest. En dix ans les rendements moyens ont diminué d’un tiers en culture irriguée. Et pour 2023 la moyenne départementale sera en dessous de 19 qx/ha en culture arrosée.

Les facteurs de cette dégradation des résultats sont multiples

Ils sont thermiques et hydriques en 2022 et ensuite thermiques et biologiques (ravageurs) en 2023.  Le déficit climatique en 2022, s’est aggravé par un stress thermique en 2023.

Tout d’abord dès fin juillet, les importantes pontes de punaises vertes ont favorisé des dégâts jusqu’à la récolte y compris dans le secteur ouest du département moins impacté par la pyrale.

Dans le même temps, les parcelles végétatives arrosées par les pluies en juillet puis par l’irrigation en aout et parfois tardives ont subi de multiples attaques de chenilles  d’HELIOTIS ou noctuelle de la tomate, qui avaient préalablement parasité les champs de pois chiches bio en juin.

Puis du 15 au 25 aout les conditions tropicales sèches ont particulièrement stressé le soja, (voir graphique) entrainant avortement des fleurs, avortement des jeunes gousses, chutes des gousses moyennes même en parcelle abondamment irriguée; La pyrale du haricot stimulée par ces conditions très chaudes, a particulièrement parasité les gousses plus anciennes aux grains déjà développés entrainant leurs pertes. 

Face à cette quadruple peine plusieurs centaines d’ha ont été broyés, après avoir été détruits par les ravageurs et les stress.

Les ravageurs du soja  et leur contrôle

L’héliothis ou noctuelle de la tomate : avec un cycle de 40 à 70 jours, on observe 2à 4 génération par an, d’abord sur le pois chiche puis sur le soja. Contrairement à la pyrale, on ne voit pas les œufs, seuls les dégâts et larves observés servent à déclencher les traitements,  efficaces au stade de jeunes larves, à base de Bacillus thuringiensis (type DIPEL-) ou de virus atténué (HELICOVEX).

Pyrale du haricot : ce ravageur reste de loin le plus préjudiciable en parcelle de soja. Ce ravageur possède un cycle de 6 à 15 semaines soit de 40 à 100 jours selon les températures présentes ; deux voire trois générations se succèdent ; la première génération en mars va vivre et se reproduire dans les abords des parcelles pour ensuite coloniser les parcelles de soja dès leur levée.

En 2023, après des attaques spectaculaires en 2003, ce ravageur a causé la perte de milliers de tonnes de soja bio dans le Gers, ou le soja bio couvrait près de 15 000 ha. La lutte se résume, à éviter de cultiver du soja sur soja, mais surtout à enfouir par le labour les pupes contenant les futurs adultes.

Des essais et mises au point sont en cours pour adapter les traitements biologiques reposant sur des pulvérisations en cultures de nématodes auxiliaires, déjà utilisés avec succès en arboriculture contre les larves de carpocapse.

La punaise verte : Comme pour le soja, ce sont les adultes de la deuxième génération, nés des œufs pondus en juin qui réalisent l’essentiel des dégâts. L’hiver les adultes de l’année précédente le passent, dans les bois écorces, vieilles maisons granges, pour donner naissances à la première génération, là aussi dès le mois de mars avril.

Pour l’année 2024, les organismes de développement, Instituts, Organismes stockeurs et Chambres d’agriculture, vont s’efforcer de mettre en place essais et suivis de parcelles sur le sud-ouest. Dans ces tests les  spécialités phytosanitaires autorisées en bio, seront évaluées pour élaborer des solutions applicables de lutte contre ces trois ravageurs.

Cette voie de recherche - développement conditionnera la réussite des traitements à appliquer, et donc l’avenir du soja bio dans le Gers, colonne vertébrale des fermes de grandes cultures gasconnes.